A l’été 2023, Rémi m’a proposé de venir rouler avec lui pour repérer une bonne partie du tracé du Concours de Machines 2024 de l’Association des Artisans du Cycle, dont le point culminant : la montée au Pic du Midi. Rémi est le fabricant des vélos Soum à Labarthe de Neste, dans les Hautes Pyrénées.
L’idée de rouler ensemble, de pratiquer le vélo en conditions nouvelles (davantage de passages hors des sentiers) et enfin la possibilité d’accéder au Pic du Midi, ont suffi à me convaincre !
La date est trouvée en octobre et l’équipe est formée : Rémi donc, Margot sa copine, Alex aka Karmalex leur pote, Félix des cycles Terril à Gaillac, Thomas le copain Gobleto de Pau.
Les semaines avant le départ les discussions vont bon train. Ça blague bien. Rémi, plus habitué au terrain, me convainc que ça passera en gravel. De toute façon, c’est mon seul vélo adapté. J’ai tout de même eu la bonne idée de me faire prêter des pneus en 40 la veille du départ (merci Nicolas!).
Après une bonne soirée chez Thomas, à imaginer les scenarii et rigoler sur notre affaire, on prend le matin la direction Bagnères de Bigorre. La fine équipe locale arrive enfin, et quelle belle découverte : tout le monde a sorti les tracteurs !! Si Thomas et Félix n’ont pas de suspension, le reste de la troupe a sorti les VTT semi-suspendus Soum Soula, … « La sensation d’arriver le seul déguisé à une soirée… » Merci Rémi pour le bizutage !
Pour couronner le tout, mon vélo est monté en GRX double 30-46 avec une cassette 11 vitesses 11-32… Un peu joueur sur le coup…
Qu’à cela ne tienne, on part pour l’aventure.
La première journée s’annonce accessible pour mes jambes : 65km, 1660m de dénivelé, un peu de chemin. Un arrêt au départ, chez les copains de Chez Octave, le café vélo de Bagnères. Puis on s’avance tranquillement. La première montée à Germs est bien costaude, et le 30-32 bien trop juste pour mon faible entraînement.
On enchaîne par un peu de piste, un peu de GR.. Pneu en 40 vs tracteur dans un GR herbeux mouillé = une cocotte cassée… Le scotch la maintiendra pour le reste du périple.
On enchaîne avec de la voie verte et un single le long du Gave de Pau, agréable et …plat.
Le paysage commence à se dévoiler et on voit apparaître le Tourmalet côté Barèges.
On fait les dernières provisions à Luz, avant de se diriger vers le bivouac et attaque la montée du Col du Tourmalet. Arrivée au pied du col, à la sortie de Luz, belle surprise de bifurquer sur la droite pour attaquer une pente bien plus raide, pour s’approcher de notre arrêt du jour, au-dessous du refuge de la Glère. Les derniers kilomètres sont rudes et le braquet est trop limité, m’obligeant à monter en force.
L’endroit du bivouac est magnifique. Tente montée, feu allumé, débarbouillage dans le ruisseau.
On est en octobre à 1400m, une fois le soleil couché, le froid arrive vite. Je n’avais pas anticipé correctement la fraîcheur, la nuit se révélera assez compliquée.
C’est le grand jour, le jour 2, on va enfin se mesurer au Pic du Midi !
Lever fraîcheur, premier tour de pédales dans des single de montagne. Autant dire qu’il valait mieux pousser en pneus de 40 et vélo tout rigide qu’essayer de franchir les cailloux. On arrive à Barèges, remplissage de gourde au ruisseau avec la gourde filtrante avant d’attaquer la montée du Tourmalet par la piste Laurent Fignon. Il est tot, on est seuls et la route est superbe. Hormis les derniers lacets du col, la montée se passe sans encombre. Le plus dur s’annonce…
Arrivés en haut du col, une piste caillouteuse nous tend les bras, direction l’Observatoire à 2876m.
La partie de plaisir prend fin, une bonne galère s’annonce ! Les pistes sont plutôt praticables jusqu’au lac d’Oncet. Le braquet me fera davantage défaut que des pneus plus gros (même si j’aurais été sûrement plus à l’aise). Je n’avance plus… J’essaie, mais chaque tour de pédalage est compliqué. Je pousserai sur les derniers mètres jusqu’au bâtiment au pied de la montée du Pic. Seuls trois valeureux parmi nous choisissent de s’offrir un petit portage pour amener le vélo au Pic !
Même la montée à pied sera un bon effort à fournir !
Le pique-nique improvisé à l’Observatoire (côté accessible pour les personnes ayant monté à pied, le reste de l’Observatoire étant payant) fait du bien et mine de rien, le soleil tape bien !
Je me sens un peu étourdi par l’effort, l’altitude et le soleil. Les souvenirs en haut du Pic sont un peu confus, et la chance d’avoir pu revivre le moment pour le Concours de Machines ravivera la beauté du paysage.
Il est temps de redescendre ! Les trois compères ayant monté leur tracteur s’offre une belle descente bien technique jusqu’à l’endroit où nous avions laissé les bicyclettes.
Nos chemins se séparent pour la descente du Tourmalet : avec Thomas nous regagnons le col, puis la route, les autres s’amuseront dans le GR.
On se retrouvera tous dans la descente, en dessous de la Mongie, pour un dernier passage en forêt, jambes bien cassées..
Direction finale enfin en vue.
Dans cette descente interminable jusqu’à Bagnères, je pourrais enfin jouir de mon 46-11, sur la route, laissant les tracteurs labourer la route… Pas vraiment utile…
Résultat de cette belle expérience : ne pas écouter Rémi quand il dit que ça passe en gravel… Pour le CDM, le cahier des charges imposera des pneus en 50 minimum et un système de suspension…
Suite à cet épisode et à la casse de ma manette droite, j’ai décidé de passer le vélo en mono-plateau avec un nouveau groupe GRX hydraulique (merci Thomas pour la grande aide au montage), et une cassette plus grande (42 pour l’instant).
Ce fut un superbe périple qui m’a donné envie d’expérimenter davantage cette possibilité de jouer entre piste et route dans les cols, et accéder à des endroits insolites. Une équipe de choc également avec qui j’aurais plaisir à repartir !
Pour découvrir les traces : Jour 1 jusqu’au bivouac, Jour 2 Pic du Midi et redescente sur Bagnères de Bigorre directement par la route.